Comment est définie une classe sociale en sociologie ?

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Lorsque les sociologues parlent de classe sociale au Canada, ils se réfèrent à un groupe d’individus qui occupent une position similaire dans le système économique de production.

Au sein de ce système, l’occupation est très importante car elle offre des récompenses financières, une stabilité et des avantages tels que des régimes d’assurance collective (complémentaires à l’assurance-maladie provinciale) et parfois des régimes de retraite.

Caractéristiques des différentes classes sociales

Malgré les controverses sur la théorie des classes, il existe un accord général parmi les spécialistes des sciences sociales sur les caractéristiques des principales classes sociales dans les sociétés modernes. Les sociologues postulent généralement trois classes : supérieure, ouvrière (ou populaire) et moyenne.

La classe supérieure des sociétés capitalistes modernes se distingue souvent par la possession de richesses, fréquemment héritées, ainsi que par la concentration d’actifs dans des secteurs comme la finance, l’immobilier, les technologies et les ressources naturelles.

La possession de grandes quantités de biens et les revenus qui en découlent confèrent de nombreux avantages aux membres de la classe supérieure.

Ils sont capables de développer un style de vie distinctif basé sur des activités culturelles et des loisirs étendus, d’exercer une influence considérable sur la politique économique et les décisions publiques aux niveaux fédéral, provincial et municipal, et de procurer à leurs enfants des études postsecondaires et des opportunités économiques qui contribuent à perpétuer la richesse familiale.

Historiquement, le principal contraste avec la classe supérieure dans les sociétés industrielles était fourni par la classe ouvrière, qui se composait traditionnellement d’ouvriers dans les industries extractives et manufacturières (p. ex. mines, foresterie, énergie et fabrication).

Compte tenu de la vaste expansion du secteur des services dans les économies les plus avancées du monde, il a été nécessaire d’élargir cette définition pour inclure dans la classe ouvrière les personnes qui occupent des emplois peu rémunérés, peu qualifiés et non syndiqués dans des secteurs tels que la restauration et la vente au détail.

Il existe cependant des différences considérables au sein de la classe ouvrière, et une distinction utile existe entre les travailleurs qualifiés, semi-qualifiés et non qualifiés qui correspond globalement aux différences de niveau de revenu.

Ce qui caractérise la classe ouvrière dans son ensemble, c’est le manque de propriété et la dépendance à l’égard des salaires.

Associés à cette condition sont des niveaux de vie relativement bas, un accès restreint à l’enseignement supérieur et l’exclusion, dans une large mesure, des sphères de prise de décision importante.

Outre l’augmentation spectaculaire du niveau de vie qui s’est produite dans les décennies qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale, le principal facteur affectant la classe ouvrière depuis le milieu du XXe siècle a été un déplacement général de l’économie des industries manufacturières vers les industries de services, ce qui a réduit le nombre de travailleurs.

Au Canada, comme aux États-Unis et au Royaume-Uni, le déclin de certaines industries manufacturières traditionnelles a laissé un noyau de chômeurs chroniques isolés du courant économique dominant dans des zones urbaines en déclin.

Ce nouveau substrat urbain de travailleurs sans emploi et sous-employés en permanence a été qualifié de sous-classe par certains sociologues.

On peut dire que la classe moyenne comprend les niveaux moyens et supérieurs des employés de bureau, ceux qui occupent des emplois techniques et professionnels, les superviseurs et les gestionnaires, et les travailleurs autonomes tels que les petits commerçants, les entrepreneurs et les producteurs agricoles.

Au sommet – les professionnels aisés ou les cadres des grandes entreprises – la classe moyenne se fond dans la classe supérieure, tandis qu’en bas – les emplois routiniers et mal payés dans la vente, la distribution et le transport – elle se fond dans la classe ouvrière.

L’approche de Fernand Dumont

Fernand Dumont, sociologue québécois du 20e siècle, a consacré une part importante de ses recherches aux classes sociales, à la culture et à la mémoire collective dans la société canadienne.

Dans ses travaux, il soutient qu’une société peut développer une mémoire collective qui se décline selon les groupes et les classes qui la composent.

Il distingue la mémoire individuelle de la mémoire des groupes, laquelle, d’une certaine façon, « dépasse » l’individu qui y contribue.

Il souligne aussi que la mémoire propre à chaque groupe diffère et met en évidence l’importance des institutions – famille, religion, associations et communautés locales – dans la transmission de cette mémoire.

Ses analyses du monde ouvrier et des classes populaires au Québec s’intéressent notamment aux conditions de vie et aux pratiques quotidiennes, montrant comment la planification des dépenses et des projets combine les besoins immédiats et les anticipations de l’avenir.

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